Le Guilvinec

10 juillet 2021

Madame la députée,

Messieurs les sénateurs,

Monsieur le président du conseil départemental,

Monsieur le président de la communauté de commune,

Mesdames et messieurs les élus,

Monsieur le délégué au souvenir des marins de la France Libre représentant le général Robert Bresse président de la Fondation de la France Libre,

Madame Marcelle Berrou, fille de Marcel Le Goff que nous allons honorer présidente de l'amicale de la France Libre du Finistère,

Messieurs les présidents des associations patriotiques,

Chères familles, mesdames, messieurs.

Je tiens tout d'abord à remercier ceux qui ont permis le tenue de cette manifestation : les communes du Guilvinec et de Treffiagat-Léchiagat, la Direction des Patrimoines, de la Mémoire et des Archives du ministère des Armées, la Fondation de la France Libre, l'amicale de la France Libre du Finistère. Je remercie aussi de leur présence, toutes les associations patriotiques et leurs drapeaux. Et la Marine Nationale représentée par deux élèves de l'Ecole Navale, par une délégation de la Force Maritime des fusiliers-marins et commandos et de la Préparation Militaire Marine de Quimper « lieutenant de vaisseau Le Hénaff ». Je salue aussi la présence d'Alain Bodivit, jeune homme de 95 ans qui s'est engagé à 17 ans dans Résistance au sein du lréseau Tuma-Vengeance.

Nous sommes ici rassemblés pour rendre hommage à nos valeureux compatriotes qui se sont engagés dans les Forces Navales Françaises Libres en ralliant l'Angleterre. Beaucoup étaient mineurs, la majorité à l'époque était de 21 ans. Ils n'ont pas hésité à prendre le risque de sortir du port alors que les Allemands occupaient les deux communes.

Quelles étaient leurs motivations ? Ils n'acceptaient ni la défaite annoncée le 17 juin par la voix du vieux maréchal Pétain ni surtout de vivre sous la botte des Nazis. En Angleterre ils ont alors trouvé un chef, le général de Gaulle qui les a invités à se battre. A la Libération ils sont revenus ayant vieilli de quatre ans et surtout après avoir vécu l'horreur de la guerre, et pour certains la déportation. D'autres ont été marqués à vie dans leur chair, je pense en particulier à Léon Cosquer qui a vécu avec des éclats d'obus dans le corps ou à Martial Bizien qui a du être amputé d'une jambe. Ils ont repris modestement leurs activités, en ayant comme ils le disaient disaient parfois, pudiquement, accompli leur devoir. Il ne la ramenait pas en parlant vulgairement. 12 d'entre eux ont reçu la médaille de la Résistance Française distinction accordée avec parcimonie par le général de Gaulle. Malheureusement pour d'autres aucune décoration ne leur a été décernée.

Le temps a passé. Si dans les familles on parle encore de leurs exploits, ils sont pour la mémoire locale, tombés dans l'oubli. Quels habitants de nos communes savent qui est Henri Le Goff, Raymond Le Corre, Michel Baltas Eugène Berrou, Raphaël Quideau et bien d'autres ? Leur nom gravé sur les plaques de nos rues devait rappeler aux plus jeunes leur engagement. Si nous ne faisons pas l'effort de faire vivre leur mémoire, donner leur nom à une rue, n'a plus aucun sens. En effet, ces noms deviennent alors des adresses postales. Nous avons une dette envers eux, ravivons leur mémoire et c'est tout le sens de cette cérémonie.

Des initiatives peuvent être prises comme par exemple de faire apposer au-dessous de chaque plaque de rue portant un nom d'un habitant de nos communes, sur une plaque de même dimension un court résumé de leurs actions. L'investissement des communes serait très faible. Chaque manifestation patriotique (8 mai, 11 novembre etc.) pourrait être l'occasion d'en dévoiler une ou deux.

Les élèves de nos écoles pourraient aussi être associés à cet effort de ressusciter la mémoire locale. Leurs professeurs pourraient les faire travailler sur l'un de ces héros reconnus et les faire renaître de l'oubli.

Voici quelques idées qui me sont chères. Nous avons une dette vis à vis de tous ces gens qui se sont engagés pour notre libération et qui ont par leurs sacrifices, fait que nous ne vivions pas sous la botte nazie. Que de larmes versées pour les familles des morts pour la France ! Que de familles bouleversées par les conséquences de le guerre et pour certain de leur déportation ! Que de jeunesse gâchée par les horreurs de la guerre !

Louis Aragon écrivit le poème « La rose et le réséda » en hommage à Honoré d'Estienne d'Orves, Guy Moquet et Gabriel Péri (un fervent catholique et deux communistes)

« ... Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Un rebelle est un rebelle
Nos sanglots font un seul glas ...»


Roland Dorgeles l'inoubliable auteur des « Croix de bois » écrivait « On nous oubliera, le temps inexorable fera son œuvre, les soldats mourront une seconde fois ».

Rassurez vous monsieur Dorgelès, nous travaillons pour que la mémoire de nos braves perdure. Ils ne mourront pas une deuxième fois.

Et à vous les plus jeunes j'ai envie de vous dire : vous êtes des citoyens. Vous devez prendre toute votre place dans la société. Quelles que soient vos opinions politiques religieuses, philosophiques engagez vous comme nos anciens ont su le faire. Le fort taux d'abstention de nos dernières élections devrait nous y faire réfléchir.

Et pour conclure je voudrais citer le général de Gaulle parlant des marins de la France Libre :

La vague ne détruit pas le granit.

Vous les marins de la France Libre, ce que vous avez fait pour la France en poursuivant la lutte sur la mer, envers et contre tout, dans la plus grand drame de notre histoire, rien, ni le temps, ni les passions, ne l'effaceront jamais.

Je vous salue, mes camarades !..

Médaillés de la Résistance parmi les 23 bigoudens qui se sont engagés dans les FNFL et qui ont été honorés le 10 juillet :
Michel Baltas MPLF sur la corvette Alysse 31/03/47
Eugène Berrou 1er BFM MPLF en Syrie 16/01/47
Marcel Guenolé BCRA déporté à Buchenwald 29/11/46
Raymond Le Corre BCRA, MPLF des suites de sa captivité à Buchenwald rosette 29/11/46
Corentin Le Cossec 1er RFM 16/11/47
Henri Le Goff BCRA déporté à Buchenwald 29/11/46
Raphaël Quideau 1er BFM MFLF en Syrie 16/01/47
Henri Sinou 1er RFM 31/03/47
Louis Sinou 1er RFM 16/01/47
Martial Bizien BCRA condamné à mort puis gracié. Interné en Allemagne. 24/01/46
Ernest Le Goff corvette Aconit 24/03/46
Léon Cosquer 1er RFM 16/01/47