Alexis Le Gall

20 octobre 1922 - 21 décembre 2019

Alexis Le Gall, « une figure de la Résistance jusqu'à la fin »

Louis Briens, délégué à la fondation de la France libre, section douarneniste, retrace le parcours d'Alexis Le Gall, figure de la Résistance et des Forces françaises libres, décédé le 22 décembre 2019 à Douarnenez (Finistère).

Entretien

Le 20 juin 1940, le jeune Alexis Le Gall n'a que 17 ans. Avec son grand frère Jacques, ils embarquent depuis Audierne (Finistère) à bord de l'Ar Zenith. Le lendemain, ils atteignent l'Angleterre et intègrent la légion de Gaulle, des Forces françaises libres (FFL). L'exposition qui lui est consacrée dans le hall de la mairie est prolongée jusqu'à la fin du mois.

Comment avez-vous connu Alexis Le Gall ?

Dans ma famille, on a toujours parlé de l'histoire d'Alexis Le Gall et de son frère Jacques. Ensuite, on s'est connu grâce à la fondation de la France libre. Après avoir été assureur à Châteaulin, il est venu s'installer à Douarnenez avec son épouse. Il était originaire d'Audierne et a toujours été actif au sein de la fondation des anciens de la France libre.

En quoi a-t-il marqué la France libre ?

Il a été une figure de la Résistance jusqu'à la fin. Le 17 juin 1940, Alexis, 17 ans, et Jacques, 19 ans, sont à Audierne chez leur mère lorsqu'ils entendent l'annonce du Maréchal Pétain à la radio, qui demande aux Allemands et Italiens les conditions d'armistice. « C'était la fin de ma jeunesse », disait Alexis. Le 18 juin, Jacques part à la chasse aux infos. Il revient annonçant à Alexis qu'il va conduire leur grand-père à Douarnenez. « On verra s'il y a un bateau en partance pour l'Angleterre », racontait-il.

Ils embarquent pour l'Angleterre deux jours après...

Le 18 juin au soir, la mère des deux jeunes gens leur dit qu'elle vient d'écouter la BBC et qu'un général français organise une armée à Londres. Un certain de Gaulle. Le 20 juin, ils embarquent sur l'Ar Zenith au départ d'Audierne vers l'île de Sein. Ils rejoignent ensuite Ouessant et atteignent l'Angleterre le matin du 21 juin 1940.

Alexis Le Gall rencontre ensuite le général de Gaulle...

Alexis Le Gall croise de Gaulle à l'Olympia Hall et s'engage dans les Forces françaises libres. Il part pour l'opération Dakar en septembre 1940. Il fait ses classes au camp d'Ornano au Tchad. Avec son Bataillon de marche n° 5, il combat en juillet 1942 à El Alamein, en Égypte. Avec la 1re Division française libre, il gagne Tobrouk, la Tunisie et l'Italie. Il connaît les grandes heures de la campagne de France. Il est blessé sur le front d'Alsace en janvier 1945 et frôle la mort.

Avait-il conscience de s'être sacrifié pour la liberté ?

Bien sûr. Il nous racontait toujours que lorsqu'il est rentré de la guerre, il n'avait rien en poche. C'était quelqu'un de volontaire et discret. Il prenait tout avec humour et avait un sens de la repartie quand on le provoquait.

Son devoir de mémoire, il n'a cessé de l'accomplir...

Il aimait transmettre ses mémoires de guerre. Il faisait partie du jury du Concours national de la Résistance et de la Déportation (CNRD). Régulièrement, il se rendait dans les écoles du Finistère puisque des professeurs participent avec leurs élèves à ce concours. Il avait à cœur de porter un message contre l'intolérance et la barbarie, des situations qu'il avait connues. Il aurait pu poursuivre ce devoir de mémoire de nombreuses années encore.


Dans Les Clochards de la gloire (2017), il raconte ses souvenirs de guerre. Pourquoi avait-il appelé cet ouvrage ainsi ?

Parce qu'il considérait qu'ils étaient revenus de la guerre comme des clochards. Qu'ils n'ont pas eu de reconnaissance.

L'exposition prolongée jusqu'à la fin du mois dans le hall de la mairie

Le Concours national de la Résistance et de la Déportation (CNRD) est ouvert aux collégiens de troisième et aux lycéens en France et dans les établissements scolaires français à l'étranger. Il perpétue chez les élèves la mémoire de la Résistance et de la Déportation pour leur permettre de s'en inspirer et d'en tirer des leçons civiques dans leur vie d'aujourd'hui.

Le thème retenu pour la session 2019-2020 et reconduit en 2020-2021, avait été annoncé le 22 janvier 2019 à l'occasion de la cérémonie nationale de remise des prix du concours au lycée Louis-le-Grand : « 1940. Entrer en résistance. Comprendre, refuser, résister ». Un thème tout trouvé pour les quinze élèves volontaires des classes des collèges et lycées. En effet, depuis le 22 décembre, date du premier anniversaire de la mort du résistant Alexis Le Gall, une exposition a été installée dans le hall de la mairie. Elle est prolongée jusqu'à fin janvier.

Isabelle Le Signor, documentaliste à Saint-Blaise, a présenté l'exposition au jeune Robin Barré, 14 ans, élève de 3e. Elle était accompagnée des représentants de la Fondation des Français libres de la délégation locale douarneniste. Une dizaine de panneaux représentant le parcours d'Alexis Le Gall apportent une richesse documentaire en vue du concours.

« Alexis et son frère Jacques expliquent ici comment ils ont décidé de continuer le combat refusant la capitulation, ce sont les résistants de la première heure », raconte Isabelle Le Signor à son élève. « Je suis passionné d'histoire et le sujet m'intéresse. J'ai potassé la vie d'Alexis pour me préparer au concours et cette exposition est tout à fait dans le thème », a expliqué le jeune Robin Barré.

Recueilli par Timothy GAIGNOUX. Ouest France Publié le 11/01/2021


Témoignage d'Alexis Le Gall, Français Libre

Le 18 juin 1940, Alexis Le Gall, un jeune d'Audierne de 17 ans, répond à l'appel du général de Gaulle et rejoint Londres... Auteur du livre "Les Clochards de la Gloire", le résistant de 95 ans nous a raconté le 10 décembre 2018 les péripéties d'un jeune Français Libre dans le bureau du Général à la Fondation Charles de Gaulle.