Libération de Brest

19 septembre 1944

Récit de la libération de Brest par un vétéran américain Ronald Peterson

Le Télégramme Publié le 26 mai 2018

De ses quatre jours passés dans la bataille de Brest, il en garde des souvenirs vivaces et puissants. Ronald Peterson est un vétéran américain ayant combattu sur le sol français pendant la Seconde Guerre mondiale. Blessé au combat en août 1944, à Guipavas, il est aujourd'hui de retour dans le Finistère.

Je savais que j'étais dans une position dangereuse, allongé, la tête collée au sol, au milieu de la route. Les Allemands connaissaient notre position et j'étais à découvert. Touché par une balle, j'ai fait le mort, n'osant plus bouger, de peur qu'ils me finissent. Au bout de quelques minutes, j'ai voulu bouger et, heureusement, les deux rafales tirées par un Allemand ont fini à côté. Il a fallu qu'un éclaireur de ma section fasse diversion pour que je puisse en réchapper ». À écouter Ronald Peterson, 96 ans aujourd'hui, on se croirait de retour en août 1944, au Moulin du Cam à Guipavas. Une main sur le fusil, l'autre sur le casque, les yeux scrutant les environs pour repérer les mines ou les soldats Allemands. La peur au ventre aussi, comme ces centaines de réservistes envoyés au front pour délivrer un pays qu'ils ne connaissaient pas. Pour Ronald, tout débute en 1942 à Brookings (Dakota du Sud), sa ville natale. Trois ans après le début de la Seconde Guerre mondiale et un an après l'entrée des États-Unis dans le conflit, le jeune homme, tout juste admis à l'Université, est volontaire pour rejoindre la réserve de l'armée américaine. Sur place, il reçoit un « entraînement dur mais nécessaire pour survivre ».

Du débarquement en Écosse à Guipavas
En juillet 1944, un mois après le débarquement de Normandie, Ronald Peterson arrive en Écosse à bord du RMS Queen-Elizabeth avec 17.000 autres soldats. De Southampton où il apprend la prise de Saint-Lô et la réussite de l'opération Cobra, à Omaha Beach où il débarque le 17 juillet sur « une plage calme », il n'aura passé que quelques jours en Angleterre. Trois semaines plus tard, il est envoyé dans un camp à côté de Rennes. Une semaine à visiter la ville, à se baigner dans un lac ou à boire du champagne. Le calme, avant la tempête de la guerre... En route pour Brest, les esprits changent. « On savait que c'était la guerre, que c'était fini la rigolade, les baignades ». Arrivé sur le front, Ronald Peterson est assigné à la Easy Company. Il assiste, lors de ses gardes, au bombardement intensif de Brest par l'artillerie et l'aviation américaine. Deux nuits, du 25 au 27 août, où la cité lui apparaissait « dans les flammes des incendies et des tirs de la Flak (défense antiaérienne allemande, NDLR) ».

À l'assaut de la butte de Menez-Toralan le 28 août
Le 28 août, l'attaque est décidée. « Pour la première fois, l'unité était au complet, se remémore Ronald Peterson. Presque personne ne se connaissait ». L'objectif est la butte de Menez-Toralan, surnommée « Bloody Hill » ou « Hill 105 », à Guipavas. Par section, les soldats s'avancent, « laissant quatre ou cinq mètres entre eux », se cachant parfois le long des talus. « En plus des snipers allemands, on devait faire attention aux mines enterrées que l'on repérait parfois aux taches brunâtres sur la route ».

La terrible « Bouncing Betty »
À chaque embranchement, c'est la peur d'être pris pour cible ou de marcher sur une « Bouncing Betty » (mine bondissante allemande), ce qui arrivera à un GI, à quelques mètres de Ronald et quelques minutes avant de prendre sa balle. Le soldat Peterson aura lui la chance d'être pris en charge et transféré dans un hôpital de campagne. Il finira la guerre dans la police militaire américaine avant de revenir au pays. 74 ans plus tard, à l'invitation de Ronan Urvoaz, historien, il est de retour dans une ville qu'il n'avait jamais vue mais qu'il avait aidé à libérer. L'attaque du 28 août, elle, aura échoué. Il faudra attendre le 2 septembre pour que les Alliés fassent sauter ce verrou guipavasien avant de libérer Brest, 17 jours plus tard.

En complément

Du fonctionnement des sections US

Lors de la bataille de Brest, l'armée américaine déploya trois divisions d'infanterie : la 29e, la 8e et la 2e (aidées par deux bataillons de rangers, la Task Force, les résistants français et une unité blindée britannique). Ces divisions étaient ensuite scindées en régiments, qui l'étaient également en compagnie puis en squad (« groupe de combat » en français). Ronald Peterson appartenait à une squad de douze hommes, membre de la célèbre Easy Company (rendue célèbre avec la série « Band of brothers »), du 23e régiment d'infanterie et de la 2e division. Ces sections de douze hommes observaient, en zone de combat, une organisation stricte. D'abord deux éclaireurs, un leader, trois soldats portant des mitrailleuses légères, cinq fusiliers et un « assistant leader » qui fermait la marche. Un rôle qui fut confié à Ronald Peterson.

Une ville martyre détruite à plus de 90 %

La défense de Brest par les soldats allemands du général Hermann-Bernhard Ramcke aura coûté aux troupes américaines, menées par le général Troy Middleton, de nombreuses vies. Il aura pourtant fallu attendre plusieurs jours avant que l'infanterie entre complètement dans la ville. Le 7 août, les Alliés arrivent dans les environs de Brest, mais la cité du Ponant est défendue par 40.000 hommes, notamment les parachutistes militaires d'élite dirigés par le général Ramcke. Les Américains entament d'abord un siège de la ville, exercice auquel les troupes ont dû se formaliser depuis le débarquement de Normandie.

Rue par rue et immeuble par immeuble
La résistance allemande va surprendre les Alliés. Les soldats du Reich vont se défendre pied à pied pendant plusieurs semaines. Rue après rue, immeuble après immeuble, les combats sont meurtriers. Si certaines compagnies allemandes capitulent, ce n'est pas le cas des parachutistes, qui n'hésitent pas, parfois, à contre-attaquer. Assauts après assauts, usant de l'aviation, de blindés puis de l'infanterie, les militaires progressent difficilement. Ils auront encore plus de difficultés à déloger les troupes de Ramcke des différents forts (château de Brest, Montbarey, Dellec, Mengant ou Portzic). Les Allemands ne se rendent que le 19 septembre 1944. Non sans avoir préalablement saboté les installations portuaires. Un coup porté aux Alliés car celles-ci ne pourront pas être remises en état à temps pour participer à l'effort de guerre. Cela faisait alors 99 jours que les soldats de Middleton se battaient sans discontinuer. Avec la reddition, les Américains capturent environ 37.000 Allemands et évacuent 4.000 blessés.

Recouvrance, la tour Tanguy ou le château en vestige
À l'issue des combats, comme son port, la ville de Brest est complètement détruite. Plus des trois-quarts des immeubles sont à terre, laissant la plus grande partie des habitants sinistrés. Comme Saint-Lô, Cherbourg ou Saint-Malo, Brest devient une ville martyre qu'il faudra reconstruire. Du vieux Brest, seuls le château, la tour Tanguy, des parties de Recouvrance, ainsi que les faubourgs ont résisté aux bombes américaines puis à la reconstruction.


Autres documents de la Libération par FR3 Bretagne en 2014

Libération de Brest: la reddition des allemands fut signée le 19 septembre 1944

Publié le 19 septembre 2014 par France 3 Bretagne par Christophe Molina

Les 18 et 19 septembre 1944 la ville de Brest était libérée après six semaines de siège. Mais Brest paya un lourd tribut, la ville fut complètement ravagée par les bombardements. En 1939 la ville comptait 16000 bâtiments, mais il en restait à peine 200 quand les allemands ont déposés les armes.

Inventaire général,4 Rue Jean Macé. Deux infirmiers américains inspectent les ruines à la recherche d'éventuelles victimes

Les américains avaient choisi de marcher sur Brest après la percée d'Avranches mais les allemands voulaient à tout prix conserver ce port stratégique.

Dès le 7 août les américains encerclent la ville, mais la garnison allemande de 40 000 hommes est prête à résister coûte que coûte.

Les américains préfèrent utiliser leur flotte aérienne et leur artillerie plutôt que d'affronter l'ennemi au corps à corps.

Pendant six semaines les bombardements succèdent aux bombardements.

François Kergonou a 19 ans, il fait partie de la défense passive.

Il raconte ce jour du 11 août 1944 où il a du sortir en plein bombardement secourir des civils ensevelis sous les décombres.

Le 14 août les allemands acceptent d'évacuer les civils sauf ceux qui leurs sont nécessaires.

C'est alors l'exode et pour les 2000 brestois qui restent dans la ville un long calvaire commence.

Le 09 septembre: le drame de l'abri Sadi-Carnot.

C'est dans la nuit du 8 au 9 septembre 1944 qu'a lieu la catastrophe. À 2 heures 30 du matin, un soldat chargé du groupe électrogène qui alimente l'abri se lève pour le mettre en marche.

Suite à une fausse manœuvre, un incendie éclate.

À proximité se trouvait un groupe électrogène de secours utilisé pour la lumière et tout à côté une réserve assez grande de carburant. Enfin, une grande quantité de munitions était entreposée dans l'abri.

Ceux qui réagissent rapidement sortent dans les fumées après avoir monté les 154 marches de l'escalier.

Un grondement sourd d'une énorme puissance ébranle la voûte.

Ceux qui sont au bout du tunnel sont éjectés comme des fétus de paille.

Les autres sont coincés contre la grille qui s'est refermée sous le choc ou morts à l'intérieur.

Toutes les munitions ont explosé transformant le long tunnel en un véritable canon.

Les flammes s'élèvent à 30 mètres au-dessus de l'entrée.

371 Français sont morts, carbonisés d'un seul coup ; cinq à six cent Allemands auraient été tués.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Lyvinec et Christophe Molina



La bataille de Brest fut sanglante et le 18 septembre la ville n'est plus qu'un champ de ruines.

C'est en voyant les colonnes de prisonniers allemands traverser la campagne que les brestois réfugiés comprendront que leur ville a été libérée.

Il faudra attendre le 19 septembre pour que le général allemand Ramcke signe sa reddition.

Regardez le reportage de Catherine Aubaile et Christophe Molina


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Musée mémoires 39/45 à voir à Plougonvelin                  Pour en savoir plus